PAROLES DE MAȊTRES

 

 

« C’est l’observation méthodique, jointe à une bonne mémoire enrichie de connaissances nombreuses et bien enregistrées, avec une volonté inébranlable de voir clair, qui constitue les éléments nécessaires pour poser un diagnostic.

C’est l’ensemble de ces qualités et acquisitions qui forme ce que l’on désigne suivant une appellation bien erronée, sous le nom de flair clinique.

Celui qui n’a point suffisamment observé, palpé, vu et revu son patient, bien enregistré ce qu’il constatait, classé et rangé dans son esprit ses sensations et ses perceptions et enfin retrouvé dans sa mémoire ce qu’il est indispensable de savoir, aucun flair ne le guidera pour « sentir »le diagnostic.

Celui-ci  n’est pas obtenu par une quête que dirigerait certains instincts secrets mais grâce à une juste réflexion. »

Ce texte  a été écrit par le Professeur Robert Debré (1882-1978)
célèbre pédiatre dans son livre :  « L’honneur de vivre » paru en 1972.

Robert Debre

 

Il est toujours d’actualité.

Un traitement de médicaments homéopathiques doit répondre à cette méthode de prise en charge médicale.

C’est la base indispensable sans laquelle on ne peut rechercher une explication, une cause ou étiologie, une  marche à suivre pour délivrer une ordonnance correspondant aux symptômes et à la détresse de la personne qui consulte.

Un traitement homéopathique est l’aboutissement d’une consultation médicale avec un interrogatoire et un examen clinique aussi approfondi que possible et des examens complémentaires si besoin (prise de sang, radios...).

Seuls les professionnels de santé sont habilités à le faire chacun dans son domaine, c’est-à-dire les médecins, les dentistes, les sage-femmes ou les vétérinaires pour les animaux. D’autres sont compétents pour donner des conseils et orienter comme les pharmaciens.

Tous les autres acteurs de santé et bien-être, sans nier leurs approches et connaissances, ne peuvent que proposer des médicaments homéopathiques en ayant le souci de connaître leurs limites et d’envoyer le patient vers le médecin ou le professionnel capable de compléter les demandes d’une consultation médicale.

Dr Brigitte LECOT FAMECHON

 

 

PAROLES DE MAITRES

 

Michel GUERMONPREZ

(journal de l’homéopathie, N° 86 mai 2002)

Guermonprez  

 

« Comme pour beaucoup de confrères, les types sensibles ont constitué pour moi un élément de séduction lors de mon apprentissage de l’homéopathie et au début de ma pratique.

Ils me semblaient exprimer dans un parfait achèvement la notion de totalité individuelle sous-tendue par l’approche homéopathique de la pathologie.

La réalité de la pratique et quelques déceptions étonnantes m’ont progressivement incité à me méfier de cette impression globale.

Ainsi, un des premiers cas d’Aurum que j’eu à traiter pour une dépression avait le visage gris et maigre. Un superbe Sulfur rougeaud chaud et expansif présentait des céphalées qui ne cédèrent qu’à Sepia…et mes premières Pulsatilla n’avaient rien des oies blanches de la description conventionnelle.

Je déduisis de ces accrocs à la globalité que la corrélation des aspects physique et mental doit être vérifiée au coup par coup.

L’aspect caricatural des types sensibles enseignés est souvent éloigné de la réalité quotidienne mais reconnaissons qu’il convient à l’initiation au même titre que des schémas et des illustrations.

L’essentiel est que le praticien apprenne à mettre cette connaissance à sa place dans l’observation – condition N°1- et à en relativiser la description initiale nécessairement outrée –condition N°2 .

Cette place dans l’observation est modeste en chronique, souvent nulle en aigu.

La pratique pluraliste en pathologie chronique exige ordre et rigueur dans l’élaboration d’une stratégie thérapeutique destinée, par définition, à se développer dans le temps.

Je conseille trois niveaux d’investigations : le premier consiste dans l’observation de la plainte principale du patient et se confond avec la démarche classique : c’est en quelque sorte le traitement de la maladie.

A partir du second niveau, l’homéopathie se distingue du processus allopathique ; c’est celui de la prise en compte de la globalité des symptômes , érigés en signes par la connaissance de la matière médicale : c’est le traitement du malade.

Ce niveau débouche sur des médicaments d’action générale : cette investigation confirme parfois les indications du niveau local initial, l’ordonnance n’en sera que plus simple mais ce n’est pas l’éventualité la plus fréquente.

C’est seulement à partir de ce que je nomme le niveau 3 que le médecin fait appel au corpus théorique de l’homéopathie : diathèse, constitution, tempérament et type sensible.

Ces connaissances n’ont pas de base expérimentale stricte, elles sont donc contestables comme toute théorie et leur crédibilité est relative.

Il est inutile d’y recourir quand les choix des deux niveaux précédents « couvrent le cas » et la fiabilité de la prescription n’en est que plus probable.

Ajoutons que parmi les notions non expérimentales, celle du type sensible , contrairement au système des diathèses et des constitutions, ne permet ni classement ni hiérarchie des médicaments et ne contribue pas à structurer les connaissances du praticien….

 

Deux remarques importantes tempèrent mon opinion restrictive à propos des types sensibles :

-       A condition d’atténuer les schémas excessifs de leur description initiale, leur présence, nullement indispensable au choix des médicaments, en confirme l’indication, je la qualifie de cerise sur le gâteau.

-       Exceptionnellement, le premier contact avec un patient indique dans l’instant un médicament que l’interrogatoire et l’examen clinique confirment. Ce diagnostic du pas de la porte où le type sensible joue le rôle essentiel est la récompense d’une grande familiarité avec l’homéopathie. »