Historique de la plus ancienne société médicale homéopathique en France : La Société française d’homéopathie
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André Coulamy et Alain Sarembaud |
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Si l’homéopathie en France commence à Strasbourg par les écrits sur les travaux de Samuel Hahnemann par Bigel (1827), l’implantation parisienne, pour sa part, débuterait, dès 1824, avec les consultations notamment de Auguste‑Paul Curie, et se poursuit grâce aux travaux de la Société gallicane homéopathique, avec pour tribunes le Journal de médecine homéopathique (1833) et les Archives de la médecine homéopathique(1834). De toute évidence, elle est amplifiée, en juin 1835, par l’installation, dans la capitale française, du fondateur, Samuel Hahnemann et, trois ans plus tard, par la création de la Société homéopathique de Paris, que fonde Antoine Pétroz (1781-1859) et que dirige Léon Simon [père].
Cependant les déclarations d’Hahnemann et les rejets réitérés de l’Académie nationale de médecine conduisent à l’installation de deux courants opposés : ceux qui sont exclusifs de sa pratique, qu’on va nommer les puristes, et ceux qui sont prêts à des compromis : les éclectiques. Ces deux conceptions animent une vive polémique pendant une cinquantaine d’années : efficacité des doses infimes ; association avec d’autres thérapeutiques dont la médecine hospitalière, etc.
Le courant « éclectique » est représenté par la Société médicale homéopathique de Paris dont l’hommage à la disparition du maître contient un message différent :
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« La mort de Hahnemann, en laissant dans l’homéopathie un vide immense que rien ne comblera jamais […] a rendu la position des homéopathes plus faciles. Chacun a acquis une liberté que nous ne laissait pas toujours la vénération que nous éprouvions pour le vieillard. De cette liberté doit nécessairement jaillir bien des discussions de principe […] C’est la nécessité ressentie par tous de cette révision des principaux points de la technique »
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En vue de promouvoir une homéopathie plus proche des conceptions traditionnelles, la Société hahnemannienne de Paris voit le jour en 1845, sous l’impulsion de A. Pétroz et L. Simon. Cependant, en raison de la proclamation de la seconde République (février 1848) et de la propagation de l’épidémie de choléra, les deux sociétés, bien que toujours concurrentes, admettent l’urgence d’une réunion afin de se dresser ensemble contre les calomnies ; delà, assiste-t-on à leur rapprochement historique et à la constitution, en 1850, de la Société gallicane de médecine homéopathique.
Cependant, cinq ans plus tard l’Art médical publie les idées de Jean‑Paul Tessier (1811-1862). Les homéopathes vont à nouveau se répartir et diviser respectivement et successivement au sein de différentes sociétés :
La Société médicale homéopathique de France est fondée en 1860 ; elle demeure dans l’esprit de conceptions qui prônent un rapprochement des deux thérapeutiques ; L’autre courant se réunit autour d’une part de Léon Simon [fils] et de l’Hahnemannisme, et, d’autre part de Alexandre-Dominique Chargé (1810-1890) et de la Société hahnemannienne fédérative, créée en 1868.
Cependant l’opinion publique et, plus particulièrement, la population ouvrière parisienne fait circuler une pétition à l’intention des sénateurs qui recueille les signatures de deux mille noms en vue de l’ouverture de dispensaires d’homéopathie. La collecte de fonds, lors des congrès internationaux, et surtout la détermination des médecins homéopathes aboutissent, avant le conflit de 1870, à la création de deux hôpitaux privés homéopathiques, qui répondent chacun aux aspirations des deux courants : Hahnemann par L. Simon [fils], d’abord, la Maison Saint-Jacques avec Pierre Jousset (1818–1910), ensuite.
Après la guerre de 1870, les homéopathes fondent l’hôpital Saint‑Luc, à Lyon (1875), grâce à Jean-Pierre Gallavardin (1825-1898), et développent l’hôpital Saint‑Jacques, à Paris (1878), mais ils ne trouvent pas leur place dans le système de santé officiel. Les deux tendances aplanissent leurs oppositions personnelles et confirment leurs points d’accord sur le respect absolu de la méthode expérimentale, la matière médicale pure, la loi de similitude et les doses infinitésimales. Tout cela aboutit à ce que le xie congrès (1889) des médecins homéopathes français, jumelé au iiie congrès homéopathique international, sous le patronage du ministre du commerce, devienne le moment historique de la fusion des deux sociétés médicales qui constituent désormais une seule entité : la Société française d’homœopathie.
Si cette union est réalisée par Henri Piedvache (1839-1896) et Léon Simon [père] ou Léon‑François‑Adolphe Simon (1798–1867), les artisans en sont d’abord les deux présidents E. Leboucher (1809-1892) et James Love (1831-1905), les secrétaires génaux, Isidore Guérin‑Menneville (1826-1891) et L. Simon, les deux trésoriers Marc Jousset (1852-1920) et Compagnon, et un médecin indépendant, Charropin.
Les 11 et 12 décembre 1889, la Société homéopathique de France et la Société hahnemannienne fédérative fusionnent donc sous le nom de Société française d’homéopathie. Le bureau est constitué par le président E.ÊLeboucher, doyen des médecins homéopathes parisiens, accompagné de deux vice-présidents, L. Simon [père] et H. Piedvache, d’un secrétaire-général J. Love assisté de E. Soustre et Louis Robillart (1857-1923), un trésorier M. Jousset.
Son objet est de promouvoir le développement scientifique et la propagation de l’homéopathie, notamment par la Revue homéopathique française (1889–1914), la Revue française d’homéopathie (1919–1939 ; 1947–1951), le Bulletin de la Société française d’homéopathie (1952–1957) ; les Annales homéopathiques françaises (1958–1980) ; Homéopathie (1981–1992) ; les Conférences de la Société française d’homéopathie (1986‑ ) ; L’Homéopathie européenne (1993 - ) ; La Lettre de la Française (1999 - ).
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2. Les premiers pas
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La première parution de la Revue homéopathique française est datée du 31 janvier 1890. Parallèlement, la Société française d’homœopathie créé une nouvelle structure, intitulée « Société pour la propagation de l’homœpathie », qui a pour président P. Jousset accompagné d’autres responsables (Achille-Barthélémy Boyer, Henry‑Anatole Ecalle, Maurice Delpech, J.‑P.Tessier). En 1897, elle mène la première enquête destinée à recenser les homéopathes français. Les résultats mentionnent deux cent deux médecins, vingt-huit pharmaciens et deux vétérinaires.
En 1898, la Société française d’homéopathie obtient que les dépouilles de Samuel Hahnemann et de sa seconde épouse, Mélanie d’Hervilly soient transférées du cimetière Montmartre (sépulture Lethière) à celui du Père‑Lachaise. Ce choix résulte d’une décision prise lors du congrès homéopathique de Londres, qui constitue un Comité international du tombeau. Le 24 mai 1898, l’exhumation publique du corps de Hahnemann et de son épouse a lieu, en présence de l’autorité civile, de la Société française d’homéopathie et du Comité international. Devant un auditoire prestigieux et après l’allocution de François Cartier (1864–1928), suivie les remerciements de monsieur Cloquemin qui représente madame de Bönninghausen, le docteur L.-Vincent Simon, président de la Société française d’homéopathie prend la parole :
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« Grâce au bon vouloir de madame la baronne de Bönninghausen, aux bons offices de M. Cloquemin et au zèle du docteur Cartier, nous pouvons honorer la mémoire de Samuel Hahnemann, conformément à nos plus chers désirs, la Société française d’homéopathie leur en exprime toute sa gratitude. Elle est prête à recevoir ces deux cercueils du comité que le Dr Richard Hughes et le Dr François Cartier représentent ici ; vous pouvez être sûrs que nous veillerons soigneusement sur ce précieux dépôt.
« Deux générations ont déjà passé, messieurs, depuis le jour ou notre Maître a quitté ce monde et c’est aux petits-fils de ses contemporains qu’échoit la tâche inespérée de lui offrir un tombeau moins modeste que celui dans lequel il a reposé jusqu’à ce jour. Étrange retour des choses d’ici-bas qui prouve une fois de plus que l’homme s’agite et Dieu le mène ! qui prouve une fois de plus que la gloire d’Hahnemann résiste à l’épreuve du temps. D’abord, il revit en son petit-fils, qui suit fidèlement la voie tracée par lui. Et puis son nom est assuré contre l’oubli parce qu’au lieu de travailler pour le présent et pour lui-même, il a travaillé pour tous les temps et pour l’humanité tout entière. Aussi, peu importe que le présent, aveugle et ingrat, l’ait méconnu et dédaigné ; la postérité dont nous sommes l’avant-garde, se prépare à lui rendre justice.
Salut, Hahnemann ! Nous nous inclinons devant tes restes vénérés, auxquels, plus heureux que nos devanciers, nous pouvons rendre honneurs qui leur sont dus. Pleins de foi dans l’avenir, nous donnons rendez-vous devant ton mausolée aux médecins qui assisteront au congrès de 1900. Ta tombe leur paraîtra plus belle, éclairée par l’aurore du siècle prochain, qui verra certainement le triomphe de la doctrine. »
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Deux ans, plus tard, en 1900, dans ce même cimetière du Père‑Lachaise, au chemin du Dragon, sis dans la 19e division, un monument à la mémoire de Samuel Hahnemann, sculpté par David d’Angers, est érigé sur les sépultures du fondateur de l’homéopathie et de son épouse Mélanie, voisinant les tombes de célèbres scientifiques (Gay-Lussac, Arago) et d’illustres artistes (Molière, La Fontaine, Racine, Rossini et Chopin). Il est inauguré pendant le congrès international du 18 au 21 juillet.
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Année |
Président |
Vice-président |
Secrétaire général |
Trésorier |
1889-90 |
Leboucher |
L. Simon père, Piedvache |
J. Love |
M. Jousset |
1891 |
Piedvache |
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1892 |
L. Simon |
Chancerel, P. Jousset |
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M.Jousset |
1893 |
P. Jousset |
Chancerel, Tessier |
Id. |
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1894 |
Chancerel |
Tessier, Boyer |
Ecalle |
Delpech |
1898 |
L.‑ V. Simon |
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1900 |
P. Jousset |
Serrand, Parenteau |
Cartier |
Cartier |
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Au sein de la société, les polémiques opposent de nouveau les hommes et leurs idées : de 1902 à 1908, J. Gallavardin, fondateur de La Société régionale d’homéopathie du Sud-Est de la France et de la Suisse romande, à P. Jousset ; en 1909, J. Gailhard, favorable à E.B. Nash, à P. Jousset ; Léon Vannier (1880-1963) battu au poste de secrétaire-général et, en 1910, Paul Chiron, partisan de L. Vannier au même groupe. Lamême année, P. Jousset disparaît, laissant un message de synthèse de l’homéopathie, du terrain et des découvertes médicales.
En 1912, L. Vannier fonde, en dehors de la Société française d’homéopathie, l’Homéopathie française. Jusqu’en 1914, les dirigeants poursuivent leur recherche d’une légitimité auprès des gouvernants, s’occupent des dispensaires et d’enseignement privé.
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1901 |
Serrand |
Boyer, Parenteau |
Cartier |
Cartier |
1902 |
Parenteau |
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1903 |
Boyer |
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1908 |
P. Jousset |
M. Jousset, L. Simon |
L. Vannier |
Peuvrier |
1909 |
L. Simon |
M. Jousset, E. Boyer |
Sieffert |
Id. |
1910-11 |
E. Boyer |
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Planton |
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1912 |
Hébert |
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1913-14 |
J.-P. Tessier |
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Id. |
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3. L’entre-deux-guerres
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Les homéopathes offrirent leurs services notamment par la mise à disposition des hôpitaux homéopathiques pour les soins aux blessés. Cette première guerre mondiale, conclue par un armistice et des millions de victimes, avait été le cadre d’une mobilisation nationale où les médecins homéopathes furent mobilisés, décorés, voire y trouvèrent la mort tel J. Gallavardin notamment. Les médecins homéopathes participèrent aussi à la reconstruction de leurs organisations, comme à la vie médicale tout entière.
Cependant les dissensions vont s’accentuer avec la publication de La Doctrine de l’homéopathie française (1931) et la création du Centre homéopathique de France (1932). S’ensuit une polémique avec le reste de la communauté homéopathique, où Henri Duprat (1878-1968), président de la Société rhodanienne d’homéopathie et la Société française d’homéopathie s’associent pour dénoncer ce qu’ils estiment un plagiat des conceptions d’Antoine Nebel (1870-1954).
Dans le même temps, le Dispensaire Hahnemann ouvre ses portes à Paris et L’Homéopathie moderne (1932–1940), une revue dirigée par Maurice Fortier‑Bernoville (1896-1939), paraît avec le soutien de la Société française d’homéopathie. De même, un centre d’instruction homéopathique et pratique est ouvert à l’Hôpital Saint-Jacques, et conforté par la publication des Annales de l’Hôpital Saint-Jacques (1932–1942).
À l’issue d’une réunion de la Société française d’homéopathie sous la direction de son président, Jean-Paul Tessier [fils] (1848-1917), un syndicat spécifique aux médecins homéopathes, le Syndicat national des médecins homœopathes français voit le jour en mai 1932. Charles Noailles (1887-1959) en rédige les statuts. Ce groupement professionnel est inscrit à la préfecture de la Seine, le 13 juin 1932, sous le numéro 5348. Le chroniqueur du Propagateur de l’homœopathie conclut en ces termes :
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« Pour tous, le Syndicat a une grande tâche à accomplir. À une heure où un développement de médecine sociale tend à faire du médecin un fonctionnaire, nous devons délibérément nous placer à côté de nos confrères allopathes pour faire respecter l’indépendance de notre profession, indépendance qui en fait le charme, et aussi du reste la beauté. »
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En décembre, lors de l’assemblée générale, le président, le docteur J.‑P. Tessier fait par de son état d’esprit :
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« Mes chers collègues, « Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue à cette première réunion plénière du syndicat national des médecins homœopathes de France, et en même temps de remercier au nom de tous notre secrétaire général le Dr Noailles qui, avec les docteurs Fortier–Bernoville et Subileau, a assuré avec le plus grand succès la très lourde tâche d’organiser le syndicat, de lui donner vie et vigueur.
« En même temps je vous remercie de l’honneur que vous m’avez fait en m’appelant à votre présidence. Cet honneur, je le reporte [sur] ceux qui m’ont précédé, mon père et mon grand-père, car je considère que ce n’est pas à mes mérites personnels, trop minces, que je dois d’être à ce poste, mais à ceux d’une succession de praticiens homœopathes dont les ennemis doctrinaires, je parle de ceux de bonne foi, n’ont jamais constaté l’honorabilité. Cette honorabilité, elle doit être la marque de notre compagnie, celle de médecins homœopathes et de médecins irréprochables professionnellement à l’exclusion de ceux qui ne voient dans le nom de notre doctrine qu’une doctrine à la mode et qu’il convient d’exploiter.
« On a dit avec une sorte d’humour que l’homœopathie est un gâteau qui se mange en famille. Si ce n’était une boutade ce serait une grande injustice, et j’en sais d’entre nous qui, renégats de l’homœopathie, auraient pu se lancer dans une carrière officielle où on les aurait accueillis à bras ouverts : leur gâteau eût été beaucoup plus beau. Loin de là, nous souhaitons que nous soyons de plus en plus nombreux à tenir le drapeau de notre doctrine, chacun selon son tempérament, si j’ose dire et, nous souhaitons que ces nouveaux confrères homœopathes fondent eux-mêmes de[s] familles dans lesquelles l’homœopathie sera une tradition aimée et respectée… »
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En 1933, Paul Le Tellier, président de la Société française d’homéopathie devient également, président de la Ligue médicale homéopathique internationale, lors du congrès de Madrid. Les médecins homéopathes de la Société française d’homéopathie s’investissent dans toutes les manifestations internationales, mais ils ne veulent pas rencontrer, en raison de l’influence du IIIe Reich, leurs homologues allemands. Quoiqu’il en soit, force est de constater que les homéopathes français semblent préférer s’investir dans la rédaction d’ouvrages de matière médicale et d’enseignement.
En 1934, la présidence de la Société française d’homéopathie revient à Alfred Mouezy‑Éon (1886-1976) qui organise les« Journées homéopathiques de printemps », en avril, à Paris, sous l’égide de L’Homéopathie moderne avec l’aide des autres sociétés telle la Société rhodanienne d’homéopathie.
Puis, en 1937, c’est Paul Kollitsch (1896-1976) qui est élu président de la Société française d’homéopathie. Lors de la réunion, avant la déclaration de guerre, la Société française […] recense onze pharmaciens, soixante-treize médecins et quatre-vingt-dix correspondants en province.
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Année |
Président |
Vice-président |
Secrétaire-général |
Trésorier |
1919 |
J.‑P. Tessier |
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Planton |
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1920 |
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Planton |
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Peuvrier |
1921 |
Bonnet–Lemaire |
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Id. |
1922 |
Planton |
Chiron, Picard |
De La Lande |
Id. |
1923 |
R. Picard |
Chiron, De La Lande |
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1924 |
Chiron |
De La Lande, H. Jousset |
Pichet |
Lambert |
1925 |
H. Jousset |
De La Lande, Le Tellier |
Id. |
Id. |
1926 |
De La Lande |
Le Tellier, Tessier |
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Id. |
1927 |
Le Tellier |
Pichet, Tessier |
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Id. |
1928 |
Pichet |
Tessier, Mondain |
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Id. |
1929 |
Tessier |
Mondain, Mourlon |
Conan |
Id. |
1930 |
Mourlon |
Trenauday |
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Delpech |
1931 |
Allendy |
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1932 |
Rouy |
Le Tellier, Mouezy-Éon |
Mourlon |
Dupont |
1933 |
Le Tellier |
Mouezy-Éon , Mondain |
Pouillot |
H. Boiron |
1934 |
Mouezy-Éon |
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Id. |
1935 |
Mondain |
Noailles, Pouillot |
Pariot |
Id. |
1936 |
Noailles |
Kollitsch, Pouillot |
Id. |
Id. |
1937-39 |
Kollitsch |
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Id. |
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4. La renaissance (1945–2000)
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À l’initiative de Kollitsch, le 24 janvier 1945, une réunion de la Société française d’homéopathie est fixée. Le bureau d’avant-guerre est reconduit jusqu’à l’assemblée générale du mois de juin suivant qui voit la présidence attribuée à André Rouy (1893-1978). Cette période intervient au moment de la Libération ainsi que du retour des libertés associatives et se poursuit jusqu’à l’an 2000, ce qui correspond à la disparition de l’un de ses présidents, Michel Conan Mériadec (1921–2000).
Le début de cette nouvelle ère est marqué par la longue présidence (1945–1957) de Rouy. Celui-ci, vice-président en 1931, devient président l’année suivante. Pendant ces années, il est le prosélyte d’une homéopathie pluraliste d’une homéopathie pluraliste. La thèse, relative à l’utilisation des dilutions, défendue par Pierre Vannier (1899-1986), neveu de Léon et surtout membre d’une commission ministérielle, est acceptée par la Société française d’homéopathie, contrairement à la Société rhodanienne d’homéopathie et au Syndicat national des médecins homéopathes français. Cela aboutit à la publication au Journal officiel (décembre 1948), d’un arrêté ministériel limitant à [la dilution de] 9 CH les préparations homéopathiques officinales (uniquement des dilutions hahnemanniennes), avec abandon des dilutions korsakowiennes.
De 1947 à 1951,la Revue française d’homéopathie est publiée, puis elle est remplacée par le Bulletin de la Société française d’homéopathie jusqu’en 1957.Paul Chiron (1879-1952), son vice-président, décède le 9 février 1952, année qui voit la constitution de la Fédération nationale des sociétés médicales homéopathiques de France et d’Union française (dont le président est A. Rouy).
En 1954, la Société française d’homéopathie organise le congrès annuel à Paris, les « Journées homéopathiques de Paris ». Le nom est conservé jusqu’en 1964, où il devient « la Semaine homéopathique de Paris », puis, à partir de 1965, « les Entretiens homéopathiques de Paris ». En 1956, la Fédération nationale des Sociétés médicales homéopathiques de France regroupe officiellement la Société française d’homéopathie, la Société rhodanienne d’homéopathie et la Société de médecine homéopathique d’Aquitaine et participe à ce congrès. Succédant à Rouy en 1956, Ch. Noailles, un des plus anciens responsables, préside jusqu’en 1959. Puis, de 1960 à 1961, le rédacteur en chef de L’Homéopathie française, chevalier de la Légion d’honneur en 1958, Robert Jousse (1889-1961), ancien médecin-chef du dispensaire Hahnemann, partage son temps entre la présidence de la société, le conseil d’administration du Syndicat et l’enseignement au sein de l’Institut national homéopathique français.
À sa suite, en 1962, François Lamasson (1907-1975) hérite d’une société forte de deux cents adhérents et remplace le Bulletin […] par celui de la fédération, les Annales homéopathiques françaises. Cette nouvelle présidence de treize années (1962-1975) est le moment d’organisation des Assises scientifiques annuelles sous l’égide de la Ligue médicale homéopathique internationale. Avec Jean Boiron (1906-1996) et Denis Demarque (1915-1999), il fonde ensuite l’Association française pour la recherche en homéopathie (1971). En même temps, vice-président du Syndicat national des médecins homéopathes français, il se fait le promoteur de l’union des homéopathes et participe activement à la création de l’Institut national homéopathique français (1956). 1965 voit l’introduction de l’homéopathie au Codex de la pharmacopée française (8e édition). Il décide la réfection du tombeau de Samuel Hahnemann et prône le maintien de l’Association de l’hôpital Hahnemann.
À sa disparition, en 1975, Maurice Plazy (1907-1985), le « patron » du Syndicat national des médecins homéopathes français de 1962 à 1980, lui succède pendant un an et associe la Société française à la défense institutionnelle, scientifique de l’homéopathie et des homéopathes.
En 1977, Georges Poisson (1921-1998) devient le président. Une de ses premières actions est d’apporter statutairement la qualité de formation post-universitaire (1978). En 1981, Les Annales homéopathiques françaises deviennent la revue Homéopathie, qui conserve ce titre jusqu’en 1992, année du décès de son rédacteur en chef : Pierre Joly.
En 1983, la Société française d’homéopathie organise le « congrès de printemps » de la Fédération. Il se tient à Deauville, avec pour thème « Les modalités en homéopathie ». La présidence est assumée parMichel Conan Mériadec, président fondateur de l’École homéopathique de l’hôpital Saint‑Jacques (1978) et auteur de L’homéopathie, conception médicale à la dimension de l’homme (Boiron, 1990). En 1987, le premier numéro des Conférences est publié, avec pour objet la périnatalogie. La même année, en raison de polémiques internes avec la Ligue médicale homéopathique internationale, Alain Horvilleur fonde l’Organisation médicale homéopathique internationale.
Le Parlement européen adopte une directive donnant un statut européen aux médicaments homéopathiques (1992). À Reims, en mai 1993, la Société française d’homéopathie, désormais dirigée par André Coulamy et Jaqueline Peker, organise le « Congrès de printemps » de la Fédération, sur le thème : « Quelle médecine pour l’an 2000 ? Quelle place pour l’homéopathie dans cette médecine ? ». La même année,la revue L’Homéopathie européenne se substitue aux trois revues : l’Homéopathie française, Homéopathie et Le Médecin homéopathe.
Un an plus tard, en octobre 1994, à Paris, au palais des congrès, le 5e congrès de l’Organisation médicale homéopathique internationale, présidé par Alain Horvilleur, est jumelé avec le « Congrès d’automne » de la Fédération. Cette manifestation réunit une centaine de conférenciers et quatre cent cinquante congressistes représentant une trentaine de pays. Lors de ce même congrès, l’Organisation mondiale de la santé reconnaît officiellement l’homéopathie comme médecine traditionnelle via le discours de madame le docteur Zhang.
En 1996, le docteur Jacqueline Peker devient la première femme présidente de la Société française d’homéopathie jusqu’en 1999 où Jean-Jacques Salva lui succède. Cette période est marquée par l’entrée de cette société au bureau national de l’Unaformec et la tenue de nombreuses conférences reliant homéopathie et culture.
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Année |
Président |
1945 |
P. Kollitsch |
1945-55 |
A. Rouy |
1956-59 |
Ch. Noailles |
1960-61 |
R. Jousse |
1962-75 |
F. Lamasson |
1976 |
M. Plazy |
1977-83 |
G. Poisson |
1984-92 |
M. Conan Mériadec |
1993 |
A. Coulamy |
1996 |
J. Peker |
1999 |
J.‑J. Salva |
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5. Épilogue
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Dès l’origine de l’homéopathie, celle-ci et ses principes généreux et scientifiques ont été défendus, discutés et proposés par un groupe de professionnels parisiens, associés à des correspondants provinciaux, la Société française d’homéopathie. À chaque moment important de l’homéopathie française, cette société, ses adhérents, ses responsables – dont la communication révèle la qualité de ces personnalités – se sont engagés pour partager ces convictions et essayer de résoudre les problèmes difficiles de théorie, de pratique et de stratégie en vue de cette reconnaissance indispensable de la thérapeutique homéopathique.
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6. Bibliographie
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Revues: Annales homéopathiques françaises (1958-1983) Bulletin de la Société française d’homéopathie (1952-1957) Bulletin du Syndicat national des médecins homéopathes français (1949-1988) Homéopathie (1984-1992) L’Homéopathie européenne (1993 -) L’Homœopathie française (1912-1991) L’Homéopathie française (1974-1992) L’Homœopathie moderne (1932-1940) Le Propagateur de l’homœopathie (1905-1947) Le Propagateur homéopathique (1856-1858) Revue belge d’homœopathie (1949 -) Revue française d’homœopathie (1919-1951) Revue homéopathique française (1890-1914)
Livres: CORNILLOT (Pierre) (sous la direction de), Homéopathie – le traité, Paris : Frison-Roche, coll. “Encyclopédie des médecines naturelles”, 1995. COULAMY (André), « Chronologie de l’histoire de l’homéopathie », Neuilly-sur-Seine, Société française d’homéopathie, janvier 1997 JANOT (Charles), Histoire de l’homéopathie française, Fontenay-aux-Roses : Chez l’auteur, 1936, 256 p. ; 2e éd. identique, 1946. RABANES (Olivier), SAREMBAUD (Alain), Dictionnaire des auteurs d’ouvrages d’homéopathie en langue française, Boiron, 2003 SAREMBAUD (Alain), GASSIN (François), Syndicalisme des médecins homéopathes français de 1932 à nos jours, Boiron, 2005.
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