PSYCHIATRIE ET HOMEOPATHIE

Jacques Algazi, psychiatre et homéopathe

ancien Vice-président de la SFH

 

Extrait du livre de Mourad Benabdallah* :

« Chroniques Homéopathiques, quelques principes et digressions »

Les éditions Ellébore ; 2007 ; p.179-198

 

« L’homéopathie est une vieille médecine. Cela ne veut pas dire qu’elle est désuète, mais au contraire que depuis longtemps elle a fait ses preuves.

Il faut tout de suite y insister, car la médecine de nos jours a fait d’immenses progrès, y compris dans le domaine psychologique : il serait injuste de le nier et néfaste de ne pas y avoir recours quand cela s’avère indispensable.

Dès la naissance de l’homéopathie, les patients et les médecins homéopathes se sont trouvés de plain-pied avec une conception de l’homme qui intégrait parfaitement le corps et l’esprit humain dans ce même ensemble qui constitue le sujet.

Cela a été le génie de Hahnemann que de placer au premier plan , ce que nous appelons les signes psychiques dans la globalité de l’individu. Ce choix délibéré a été énoncé dès la première édition de son Organon qui constitue toujours, jusqu’à la sixième édition , la véritable bible de l’homéopathie. Et nous pouvons toujours nous y référer si nous avons un doute sur le bien-fondé de notre recherche actuelle. Cette prise de position repose sur une idée que les symptômes que nous apporte le malade doivent, pour se voir retenus dans la détermination du remède de fond (c’est-à-dire le simillimum), être les plus spécifiques de l’individu qui vient consulter.

Il est bien certain que c’est le matériel psychique qui nous est le plus personnel, qu’il détermine particulièrement à nous donner notre originalité, tout autant que tel symptôme somatique quelque particuliers qu’il soit.

Le fondateur de l’homéopathie a émis dans l’Organon cette idée extraordinaire que les maladies mentales ne sont que des maladies défectives, c’est-à-dire qu’il existe une perturbation globale de tout l’individu, mais qu’ici, les troubles psychiques sont prédominants par rapport aux troubles physiques, lesquels peuvent même avoir disparu.

Cette idée est essentielle, car il ne suffit pas au médecin homéopathe de faire disparaître les symptômes dépressifs ou délirants, de calmer l’agitation ou l’angoisse, d’anesthésier le malade pour le faire dormir, pour déclarer qu’il est guéri. Il se doit d’aller au fond des choses, de comprendre pourquoi une crise psychique s’est produite et d’être attentif aux phénomènes somatiques qui ne vont pas manquer de suivre.

Dans l’expérience de tout praticien, nombreuses sont les observations de maladies mentales, même chroniques, qui disparaissent, au moins provisoirement, comme neige au soleil quand une maladie éruptive comme la rougeole par exemple vient faire son apparition.

Peau et système nerveux ont la même origine embryologique.

À l’inverse, il est courant de voir revenir un eczéma, un psoriasis, un asthme que l’on croyait définitivement éliminés, après la fin d’une dépression ou un « répit » dans l’efflorescence d’un délire.

Nous nous trouvons à la frontière des maladies psychosomatiques. Ils ne s’agit pas de maladies imaginaires comme le pensent certains, mais de syndromes (c’est-à-dire de faisceaux de symptômes qui ne forment pas forcément une maladie précise) ou un certain traumatisme psychique unique ou répété a été en quelque sorte digéré et a laissé la place, des années plus tard parfois, à des lésions complètement physiques…. »

C’est le cas de l’ulcère du duodénum, de la rectocolite hémorragique, de la maladie de Crohn, voire même d’un cancer, même si la tendance actuelle consiste à vouloir réduire ces maladies psychosomatiques à leur simple dimension infectieuse.

Quoiqu’il en soit, ce qui caractérise ces maladies, c’est qu’elles sont très peu accessibles à la psychothérapie par la parole seule, mais qu’elles rétrocèdent avec des méthodes qui allient à la parole des méthodes corporelles allant du training autogène mis au point naguère par Schultz à toutes les techniques actuelles, plus ou moins médicales.

Il est passionnant de noter que les remèdes homéopathiques (ainsi que les produits organothérapiques) participent grandement à la guérison de ces maladies et même les guérissent à eux seuls.

Nous sommes sans doute au cœur de l’action homéopathique. La nature ignore la dualité du corps et de l’esprit : c’est une construction commode pour les hommes d’aujourd’hui qui vivent de plus en plus dans la matière et de moins en moins dans la spiritualité. Je crois important d’insister sur cette unité de l’individu qui consacre l’homéopathie comme une médecine de référence.

Elle peut nous protéger des tentations trop techniques, si brillantes soient-elles et de la déshumanisation à laquelle nous commençons à assister.

Le fondateur de l’homéopathie a mis en avant la nécessité su respect et la bonté envers le malade, sans attendre que Philippe Pinel « fasse tomber les chaînes des aliénés » de l’hospice de Bicêtre, aux environs de l’an IX de la République.

Ainsi, le psychiatre homéopathe doit-il se situer dans la position de celui qu’on appelait le médecin de famille et consacrer, comme ce dernier, non seulement le temps suffisant à son malade mais le temps qu’il faut à lui-même pour parvenir à l’appréhender dans sa totalité somatique, personnelle, familiale, sociale et spirituelle…. »

*Docteur Mourad Benabdallah, médecin généraliste homéopathe, Arras.

 

chroniques homeopathiques

  du même auteur :  « Homéopathie, une médecine pour tous » Ed. Ellébore, Paris, 1992, réédition 2002.

                                « Neige Bleue » Roman, Ed. Similia, Paris, 1999.

                                              « Les photons flingueurs » Roman, Edilivre, 2020                         

2ème édition

ISBN 10 : 2361210207
ISBN 13 : 9782361210205 

Reliure : Broché
Nbr de pages : 270
Préface : Alain SAREMBAUD