Commémoration Mélanie d’Hervilly

Cimetière parisien Père-Lachaise, 12 mars 2023

Dr Brigitte Lécot-Famechon, Présidente de la Société française d’homéopathie

                    

Nous sommes rassemblés pour rendre hommage à Mélanie d’Hervilly et inaugurer une plaque commémorative afin de perpétuer son souvenir.

Elle représente la première figure féminine de l’homéopathie. En tant que seconde épouse et veuve de Samuel Hahnemann, elle a contribué à l'essor et la propagation de la médecine homéopathique française.

Depuis, de nombreuses femmes éminentes lui ont succédé.

Nous avons une pensée admirative et reconnaissante pour le docteur en pharmacie et directrice de recherche Lise Wurmser,  le Professeur en immunologie Madeleine Bastide et les médecins homéopathes, Léa de Mattos, gynécologue, Catherine Massalsky, Jacqueline Barbancey, psychiatre, Odette Duflo-Boujard, ophtalmologue et bien d’autres.

Aujourd’hui, les femmes se sont imposées, par leurs qualités dans toutes les professions médicales et la Société française d’homéopathie est bien représentée.

J’ai le privilège de succéder au Dr vétérinaire, Jacqueline Peker,

première femme présidente de la Société française d’homéopathie en 1996 et présidente d’honneur depuis 1999. Elle est aussi présidente d'honneur de l'Institut d'enseignement de médecines complémentaires vétérinaires de Campinas au Brésil  qui porte son nom.

Plusieurs  femmes constituent le conseil d’administration.

Élisabeth Latour-de Mareuil, sage-femme, enseignante, trésorière,

Jessica Fruchart, Dr en pharmacie, vice-présidente

sans omettre le Dr Frédérique Bisch, ophtalmologue, ancienne membre du conseil d'administration,  à l’initiative de cette reconnaissance.

Mais pourquoi se recueillir pour Mélanie devant le tombeau d’Hahnemann ?

        C’est une histoire qui commence comme un roman d’amour.

                                     

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Mélanie d'Hervilly est une ravissante parisienne de 34 ans, cultivée, poète et artiste peintre.  Elle a lu l’ouvrage de Samuel Hahnemann, «L’Organon », paru en 1810 et veut le rencontrer pour se soigner.

Frivole, pas du tout, elle est déterminée et déjà convaincue.

Elle voyage jusqu’en Allemagne, en octobre 1834, pour rencontrer cet homme de 80 ans, veuf, célèbre par ses écrits qui suscitent déjà des polémiques internationales.

La suite… Ce sont des échanges épistolaires romantiques* jusqu’à leur mariage en janvier 1835 à Köthen et leur installation à Paris² en juillet de la même année.

Hahnemann consulte à Paris grâce à la réputation de Mélanie dans les milieux artistiques, littéraires, aristocratiques et bourgeois.

Il bénéficie d’une notoriété croissante jusqu’à son décès le 2 juillet 1843.

Il est enterré, en premier lieu, au cimetière (Nord) Montmartre.

Mélanie continuera à valoriser et diffuser son œuvre, voire à consulter elle-même avec des disciples d’Hahnemann.

En 1847, Mélanie a acheté une concession au cimetière.

Elle voulait une sépulture digne de son illustre époux, sans la réaliser.

À son décès, le 27 mai 1878, elle est inhumée dans le même caveau que son mari, au cimetière Montmartre. La tombe est laissée à l'abandon.

La Société Française d’Homéopathie, par l'intermédaire du Docteur François Cartier, obtient que la concession et les dépouilles de Samuel Hahnemann et de Mélanie soient transférées, du cimetière Montmartre à celui du Père Lachaise.

Le 24 mai 1898, l’exhumation publique des corps d'Hahnemann et de son épouse a lieu en présence de l’autorité civile, de la Société française d’homéopathie et du Comité homéopathique international.

*Devant un auditoire prestigieux, et après l’allocution de François Cartier (1864–1928), suivie des remerciements de monsieur Cloquemin qui représente madame de Bönninghausen, le docteur L.-Vincent Simon, président de la Société Française d’Homéopathie prend la parole :

« (...) Salut, Hahnemann ! Nous nous inclinons devant tes restes vénérés, auxquels, plus heureux que nos devanciers, nous pouvons rendre les honneurs qui te sont dus.

Pleins de foi dans l’avenir, nous donnons rendez-vous devant ton mausolée, aux médecins qui assisteront au congrès de 1900.

Ta tombe leur paraîtra plus belle, éclairée par l’aurore du siècle prochain, qui verra certainement le triomphe de la doctrine. »

Une décision est prise, lors du Congrès international homéopathique de Londres, de construire un monument funéraire, à la gloire de Samuel Hahnemann, sur la concession achetée par son épouse.

Un Comité international du tombeau se constitue et engage une souscription internationale pour sa réalisation.

                  En 1900, dans le cimetière du Père Lachaise, 

                    allée du Dragon, 19e division, tombe n°26,

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Ce magnifique tombeau en grès rose est inauguré pendant le Congrès international d'homéopathie de Paris.

Aucune trace, ni vestige de Mélanie, elle est effacée de la postérité.

Seul, le buste d’Hahnemann domine (copie de la sculpture réalisée par David d’Angers en 1837, exposée au Centre médical Saint-Jacques de Paris)

En dessous, une petite inscription en latin demandée par Hahnemann.

                                 "Je n'ai pas vécu en vain"

Depuis plus d’un siècle, l’entretien annuel du tombeau est à la charge de la Société française d’homéopathie. À sa demande, l'entreprise funéraire Groleau a réalisé une plaque en marbre gravée pour un honneur public et financée par les dons de la communauté médicale homéopathique française. Elle est posée au pied du tombeau

Elle confirme que Mélanie d’Hervilly repose dans la même sépulture que Samuel Hahnemann.

Suite à la journée internationale des droits des femmes du 8 mars,

la SFH veut lui donner la place qu’elle mérite et honorer sa mémoire.

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*vingt-deuxième lettre de Mélanie à Samuel Hahnemann, le 28/12/1834.

Histoire de l'homéopathie, publication du docteur Bruno Laborier (12/01/2014)

Planetehomeopathie.org

« A vous !

Entre nous jamais de mystères ;

De nos secrets que nos deux cœurs

Soient ensemble dépositaires ;

Votre âme et la mienne sont sœurs

Que l’une à l’autre soit unie

Comme en un vase d’or se mêle la liqueur

Comme l’air dans les cieux se joint à la vapeur

Comme les sons divers produisent l’harmonie

Et les tons différents une même couleur :

Et que plus tard après la vie

L’une à l’autre toujours unie

Elles fassent d’aimer leur éternel bonheur. »

 Réponse de Samuel : « Mille grâces à Vous ! »

 

² « Promenade parisienne sur les traces de Samuel Hahnemann »                  

            sur le site  homeopathie-francaise.com