Guermonprez

 

Michel GUERMONPREZ nous a quittés, ce 28 avril 2017,
son existence est celle d’une personnalité exceptionnelle.

Son message homéopathique est exemplaire dans la recherche
de l’efficacité clinique et de la clarté théorique.

 

 

Claude Jousset, président de la Société française d’homéopathie
Avec les membres des conseils d’administration, actuel et précédent, Jacqueline Peker, André Coulamy, Brigitte Lecot, Jean–Paul Billot, Florine Boukhobza, Elisabeth Latour, Frédérique Bisch, Mourad Benabdallah, Jean-Jacques Salva, Albert-Claude Quemoun, Olivier Rabanes, Sylvie Courtin et Alain Sarembaud.

 

 

 

PAROLES DE MAITRES

Michel GUERMONPREZ

(journal de l’homéopathie, N° 86 mai 2002)

  

« Comme pour beaucoup de confrères, les types sensibles ont constitué pour moi un élément de séduction lors de mon apprentissage de l’homéopathie et au début de ma pratique.

Ils me semblaient exprimer dans un parfait achèvement la notion de totalité individuelle sous-tendue par l’approche homéopathique de la pathologie.

La réalité de la pratique et quelques déceptions étonnantes m’ont progressivement incité à me méfier de cette impression globale.

Ainsi, un des premiers cas d’Aurum que j’eu à traiter pour une dépression avait le visage gris et maigre. Un superbe Sulfur rougeaud chaud et expansif présentait des céphalées qui ne cédèrent qu’à Sepia…et mes premières Pulsatilla n’avaient rien des oies blanches de la description conventionnelle.

Je déduisis de ces accrocs à la globalité que la corrélation des aspects physique et mental doit être vérifiée au coup par coup.

L’aspect caricatural des types sensibles enseignés est souvent éloigné de la réalité quotidienne mais reconnaissons qu’il convient à l’initiation au même titre que des schémas et des illustrations.

L’essentiel est que le praticien apprenne à mettre cette connaissance à sa place dans l’observation – condition N°1- et à en relativiser la description initiale nécessairement outrée –condition N°2 .

Cette place dans l’observation est modeste en chronique, souvent nulle en aigu.

La pratique pluraliste en pathologie chronique exige ordre et rigueur dans l’élaboration d’une stratégie thérapeutique destinée, par définition, à se développer dans le temps.

Je conseille trois niveaux d’investigations : le premier consiste dans l’observation de la plainte principale du patient et se confond avec la démarche classique : c’est en quelque sorte le traitement de la maladie.

A partir du second niveau, l’homéopathie se distingue du processus allopathique ; c’est celui de la prise en compte de la globalité des symptômes , érigés en signes par la connaissance de la matière médicale : c’est le traitement du malade.

Ce niveau débouche sur des médicaments d’action générale : cette investigation confirme parfois les indications du niveau local initial, l’ordonnance n’en sera que plus simple mais ce n’est pas l’éventualité la plus fréquente.

C’est seulement à partir de ce que je nomme le niveau 3 que le médecin fait appel au corpus théorique de l’homéopathie : diathèse, constitution, tempérament et type sensible.

Ces connaissances n’ont pas de base expérimentale stricte, elles sont donc contestables comme toute théorie et leur crédibilité est relative.

Il est inutile d’y recourir quand les choix des deux niveaux précédents « couvrent le cas » et la fiabilité de la prescription n’en est que plus probable.

Ajoutons que parmi les notions non expérimentales, celle du type sensible , contrairement au système des diathèses et des constitutions, ne permet ni classement ni hiérarchie des médicaments et ne contribue pas à structurer les connaissances du praticien….

Deux remarques importantes tempèrent mon opinion restrictive à propos des types sensibles :

-       A condition d’atténuer les schémas excessifs de leur description initiale, leur présence, nullement indispensable au choix des médicaments, en confirme l’indication, je la qualifie de cerise sur le gâteau.

-       Exceptionnellement, le premier contact avec un patient indique dans l’instant un médicament que l’interrogatoire et l’examen clinique confirment. Ce diagnostic du pas de la porte où le type sensible joue le rôle essentiel est la récompense d’une grande familiarité avec l’homéopathie. »