Promenade parisienne sur les traces de Samuel Hahnemann
Texte d'après les recherches du docteur Olivier Rabanes et son discours prononcé à la cérémonie au cimetière du Père Lachaise, lors du congrès de Paris
de la Ligue Médicale Internationale d'Homéopathie en 2014.
Mélanie d'Hervilly est une élégante et ravissante française de 34 ans. Elle est artiste peintre, poète et femme d'esprit.
Elle a lu L'Organon et veut consulter l'auteur, le docteur Samuel Hahnemann, pour l'aider à guérir de ses maux.
Leur rencontre a lieu en Allemagne en octobre 1834.
Ils entretiennent ensuite une correspondance assidue*.
Elle s'éprend de ce "vaillant veuf" de 80 ans qui ne tarde pas à répondre à ses vœux. Leur mariage est célébré le 18 janvier 1835 par le pasteur de l’église de la Croyance Luthérienne de Köthen.
Portrait de Mélanie et celui de Samuel Hahnemann peint par Mélanie en 1834.
Lempertz 1087-1518 Old-Master and 19th Century Art
Samuel et Mélanie Hahnemann arrivent à Paris
le 21 juin 1835.
1) Ils s’installent dans un premier temps, dans le petit appartement, que possède Mélanie au, 26, rue des Saints Pères,
(6e arrondissement)
(station de métro : Saint-Germain des Prés, ligne 4).
Dans ce quartier des Beaux-Arts de Saint-Germain des Prés, la rue est située entre le boulevard Saint-Germain et la rive gauche de la Seine, près du pont du Carrousel .
Une plaque commémorative a été posée sur la façade en 1955 pour le bicentenaire de la naissance d'Hahnemann.
En face, c'est l’hôpital de la Charité, créé en 1613. Il sera démoli en 1935, pour devenir ensuite la Faculté de médecine des Saints Pères.
2) Trois semaines après leur arrivée, le couple déménage au 7, rue Madame, (6ème arrondissement) en face du Jardin du Luxembourg, à la même adresse que les parents de Mélanie.
Dans cette rue, située entre la rue de Vaugirard et la rue de Fleurus, l'immeuble du XVIIIe siècle est aujourd'hui le 57 à 61, rue Madame.
(stations de métro : Rennes ou Notre Dame des Champs, ligne 12).
Hahnemann reprend une acivité médicale dans un grand appartement au 1er étage.
François Guizot (1787-1874), premier ministre du roi Louis-Philippe, lui autorise l'exercice médicale en août 1836.
Grâce aux relations parisiennes de Mélanie dans l'aristocratie, les milieux littéraires et artistiques, il développe rapidement une clientèle prospère.
3) L'année suivante ou au 1er juillet 1837, ils emménagent au 1, rue de Milan, (9ème arrondissement), à l’angle de la rue de Clichy, sur la rive droite de la Seine.
(stations de métro : Trinité, ligne 12) ou ( Liège, ligne 13)
La rue de Milan, perpendiculaire à la rue de Clichy et la rue d’Amsterdam, est proche du quartier appelé "Nouvelle Athènes" en raison de l'architecture des immeubles.
Ils louent un bel hôtel particulier sur un jardin arboré avec une maison de gardien et des dépendances.
Le propiétaire est Jonas Hagerman. C'est un banquier, homme d’affaire réputé et créateur du quartier de l’Europe dans les années 1820.
Le loyer s'élève à 5000 fr et le bail est rédigé au nom de Mélanie jusqu'au 1er avril 1844. Samuel Hahnemann se porte caution et déclare que les meubles, tableaux, objets d’arts et tous les effets du logement, sont la propriété exclusive de son épouse.
Ils étaient marié sous le régime de la séparation de biens et avaient fait transcrire en français, le 29 mars 1836, leur acte de mariage de Köthen.
La propriété sera détruite à la fin du XIXe siècle et remplacée par un grand immeuble au 1-3, rue de Milan.
Samuel Hahnemann consultera à cette adresse jusqu'à son décès.
Une affection pulmonaire l'emporte le 2 juillet 1843.
Il est inhumé dans la sépulture Lethière, au cimetière de Montmartre,
20 avenue Rachel dans le 18ème arrondissement
(station de métro : La Fourche, ligne 13).
Combien de temps Mélanie a-t-elle vécu rue de Milan après le décès de son époux ? nul ne le sait.
Mais à son procès pour exercice illégal de la médecine en 1847, Mélanie habite 48, rue de Clichy, proche de leur l’ancienne adresse.
Ensuite, jusqu'à son décès le 27 mai 1878, elle réside
104, rue du faubourg Saint-Honoré.
(8ème arrondissement), près du Palais de l'Élysée.
(station de métro : Miromesnil, ligne 9).
Elle est inhumée auprès de son époux, au cimetière de Montmartre
La balade se termine au cimetière du Père Lachaise
L’entrée principale est Boulevard de Ménilmontant, face à la station de métro : Père Lachaise, lignes 2 et 3 ou l'entrée « Gambetta », avenue du Père Lachaise (20ème arrondissement) (station de métro : Gambetta, ligne 3)
Des visites guidées du cimetière sont proposées chaque jour.
² En 1898, la Société Française d’Homéopathie (SFH), obtient que les dépouilles de Samuel Hahnemann et de sa seconde épouse, Mélanie d’Hervilly soient transférées du cimetière Montmartre au Père‑Lachaise.
Ce choix résulte d’une décision prise lors du congrès homéopathique de Londres. Un Comité international du tombeau se constitue et engage une souscription pour sa construction..
Le 24 mai 1898, l’exhumation publique des corps d'Hahnemann et de son épouse, a lieu en présence de l’autorité civile, de la Société française d’homéopathie et du Comité international.
Devant un auditoire prestigieux et après l’allocution de François Cartier (1864–1928), suivie des remerciements de monsieur Cloquemin qui représente madame de Bönninghausen, le docteur L.-Vincent Simon, président de la Société Française d’Homéopathie (SFH) prend la parole :
" (...) Salut, Hahnemann ! Nous nous inclinons devant tes restes vénérés, auxquels, plus heureux que nos devanciers, nous pouvons rendre les honneurs qui te sont dus. Pleins de foi dans l’avenir, nous donnons rendez-vous devant ton mausolée, aux médecins qui assisteront au congrès de 1900. Ta tombe leur paraîtra plus belle, éclairée par l’aurore du siècle prochain, qui verra certainement le triomphe de la doctrine."
En 1900, dans ce cimetière du Père‑Lachaise, chemin du Dragon, tombe n°26, 19e division, un monument est érigé sur les sépultures du fondateur de l’homéopathie et de sa dernière épouse.
Il est inauguré la même année, lors du Congrès International d'Homéopathie de Paris .
Un portrait en bronze de Samuel Hahnemann
(sculpté par David d’Angers en 1837) domine l'observateur.
Selon les dernières volontés de Samuel, une inscription en latin est gravée sur le porphyre d'Islande, se traduisant ainsi :
"ici, dans notre sépulture, seront assemblés la cendre aux cendres, les os aux os, comme l'amour nous unissait vivants"
Mélanie et Samuel Hahnemann reposent bien ensemble, entourés des tombes de célèbres scientifiques (Gay-Lussac, Arago) et d’illustres artistes (Molière, La Fontaine, Racine, Rossini et Chopin...).
La Société Française d'Homéopathie est chargée depuis plus d'un siècle de l'entretien de ce glorieux tombeau.
Une délibération du Conseil d'administration de la SFH a décidé d'y poser prochainement une plaque commémorative, attestant la présence du cercueil de Mélanie. Nous voulons lui rendre un hommage mérité.
C'est en partie grâce à cette femme déterminée qu'Hahnemann doit sa popularité à Paris et l'essor considérable des principes de l'homéopathie en France et dans le monde.
*vingt-deuxième lettre de Mélanie à Hahnemann, 28/12/1834.
Histoire de l'homéopathie, publication du docteur Bruno Laborier (12/01/2014)
Planetehomeopathie.org
« A vous !
Entre nous jamais de mystères ;
De nos secrets que nos deux cœurs
Soient ensemble dépositaires ;
Votre âme et la mienne sont sœurs
Que l’une à l’autre soit unie
Comme en un vase d’or se mêle la liqueur
Comme l’air dans les cieux se joint à la vapeur
Comme les sons divers produisent l’harmonie
Et les tons différents une même couleur :
Et que plus tard après la vie
L’une à l’autre toujours unie
Elles fassent d’aimer leur éternel bonheur. »
Réponse de Samuel : « Mille grâces à Vous ! »
Sources:
-La Revue d'Homéopathie: "Parcours Hahnemann"
Dr Olivier Rabanes.2014,
vol 4; p.157-158
- site internet du Docteur Robert Seror
² "Historique de la plus ancienne société médicale homéopathique en France", Drs André Coulamy et Alain Sarembaud,
in homeopathie-francaise.com